Kelly, femme et pêcheur

Du 28 mars au 8 avril
Médiathèque Elsa Triolet, Lanester

Julien Derken a été journaliste, professeur de français et chargé de communication. Après

une enfance dans un village côtier du Golfe du Morbihan, il a étudié les sciences politiques et les relations internationales à Paris et Londres, avant d’être expatrié pendant 11 ans à Séoul, New-Delhi et Islamabad. De retour en France, il a travaillé un temps à Brest. Il est aujourd’hui installé à Lorient. Outre son travail en Bretagne, il effectue régulièrement des reportages en Asie et en Amérique Latine.

Le reportage et le documentaire sont au cœur de sa démarche photographique. Il aime consacrer plusieurs mois –voire plusieurs années- à des séries racontant des métiers, des lieux, des parcours de vie, toujours en plaçant l’humain au coeur de son travail. Ce qui n’interdit pas un goût certain pour les paysages et les images plus contemplatives. Julien Derken a précédemment exposé une série photographique sur Le Réveil de la Ville à Paris, Lyon et Strasbourg. Il a également participé à une exposition collective sur Le Patrimoine culturel maritime à la Maison de la Bretagne à Paris. Kelly, femme et pêcheur a remporté le premier prix au festival Photoreporter (Saint-Brieuc) en octobre 2018. Il s’agit du premier volet d’un travail au long cours sur les femmes et la mer. Dans ce cadre, Julien Derken vient de finir une série sur une secouriste de la SNSM ; il suit actuellement une skippeuse professionnelle en course au large.

Photographies

A 23 ans, Kelly Mahoïc est l’une des rares femmes pêcheur professionnelle en Bretagne. Matelot à bord d’un fileyeur de Lorient, elle partage la vie d’un équipage de quatre hommes. Une vie rude, où le travail est épuisant, parfois dangereux, la météo souvent difficile, le sommeil fractionné, le confort inexistant. Le retour à terre n’a lieu que tous les 3 jours, pour quelques heures seulement, avant de repartir vers une mer qui offre les plus beaux paysages et les pires coups de tabac. Une vie terriblement exigeante mais une vie de passion que Kelly a embrassée avec enthousiasme : « J’aime la mer, j’aime l’environnement marin. J’aime l’incertitude à chaque remontée de filets. J’aime autant la mer quand elle est calme et silencieuse que lorsqu’elle est déchaînée et rugissante. J’aime aussi la confrérie que forment les marins, un peu dingues, excessifs, cabossés, mais généreux et solidaires en cas de coups durs ».

Pendant quatre ans, Julien Derken a suivi Kelly afin de raconter son histoire en photos. Il l’a photographiée en mer, avec ses amis, se maquillant avant une soirée, en famille… Ce reportage illustre la vie pas banale d’une femme courageuse et volontaire qui a choisi par passion un métier difficile, encore très majoritairement masculin. C’est aussi la vie d’une fille de sa génération qui aime faire la fête, surfer sur Internet, rencontrer ses copines…. A travers Kelly, ce reportage prouve qu’il n’y a pas de bastions imprenables pour les femmes, que la pêche professionnelle n’a aucune raison d’être réservée aux hommes, que des jeunes peuvent s’engager par passion alors qu’on les dit souvent désabusés et sans projet. Elle raconte aussi la mer, un métier atypique, l’identité d’une région, une vie qui se construit… Kelly et son compagnon ont récemment eu un bébé. Au terme de son congé de maternité, elle est repartie en mer. C’est son ami –pêcheur lui aussi- qui a trouvé un emploi à terre et s’occupe ainsi davantage du petit garçon.