La mer et la pêche font partie intégrante de l’identité lorientaise. Valoriser ces deux éléments, à travers un festival de cinéma est aussi nécessaire qu’indispensable. Pêcheurs du monde est ainsi né en 2008 à Lorient, avec, dès le départ, la volonté de promouvoir un milieu de la pêche respectueux.
A l’époque, on ne savait pas s’il y aurait d’autres éditions, et puis, année après année, on a reçu de plus en plus de films. Aujourd’hui, le festival présente chaque année une quarantaine de films, qui racontent le travail des gens de mer et la relation qu’ils entretiennent avec la nature. Au-delà de leurs qualités cinématographiques, nous choisissons des films qui montrent le caractère vivant de l’océan, qui témoignent de l’importance de protéger cet environnement et de promouvoir une pêche durable, dont la mission première est de nourrir la population. Nous sélectionnons des films actuels, et peu ou pas d’archives. Notre objectif est de parler d’aujourd’hui, et de l’avenir.
Des films et des débats
Quand on voit le nombre de films que l’on reçoit chaque année, on comprend que le sujet de l’océan, et notamment de la pêche, est central. Il touche à l’alimentation bien sûr, mais aussi plus largement à des questions essentielles, comme la survie des populations et la préservation de la planète.
Le festival s’adresse au grand public et fédère différents milieux professionnels. Cinéastes et pêcheurs, mais aussi militants, scientifiques se retrouvent autour des films, pour échanger. Pêcheurs du monde est ainsi devenu une occasion annuelle de questionner le monde, à travers le prisme de la pêche, et d’inviter chacun et chacune d’entre nous à participer à la réflexion. Cette rencontre entre les différents milieux est la force du festival, elle stimule la réflexion, mais aussi la créativité. Plusieurs réalisateurs ont ainsi produit d’autres films à la suite de leur passage dans le festival, après avoir découvert de nouveaux récits.
Conditions de travail des pêcheurs, préservation de la ressource, alimentation durable, visions artistiques, les différentes animations proposées autour des films permettent d’aller plus loin.
Un festival qui donne la parole
Nous avons choisi de montrer des films du monde entier car il y a un aspect universel dans les histoires de pêche. Au-delà des côtes bretonnes, que nous connaissons bien, il se joue des enjeux et des questionnements auxquels on peut également se rattacher. A la fin du festival, un jury composé de professionnels du cinéma, de la pêche et du monde scientifique élit le film de l’édition. C’est une expérience très enrichissante pour tout le monde. Un jury jeune est également en place, c’est l’un de nos objectifs : engager la jeune génération à découvrir ce métier exigeant et nécessaire. Au-delà du jury, nous créons d’ailleurs du lien avec tous les lycées maritimes de Bretagne, dans le cadre de nos journées « Pêcheurs d’avenir ». Par le biais du cinéma, nous rencontrons ces lycéens qui se lancent dans le métier, nous écoutons leurs espoirs, leurs craintes, et nous les mettons en relation avec des spécialistes du sujet.
Pêcheurs, personnages de films et aventuriers
Venir au festival, c’est d’abord découvrir des personnages dignes de films d’aventure. Plus on va vers le sud de la planète, plus on comprend que ces pêcheurs mettent leur vie en péril, pour travailler et pour nourrir les populations locales. On découvre aussi de fortes personnalités, modelées par une vie entre deux mondes, terre et mer, avec une philosophie souvent bien particulière. Les pêcheurs assistent au pire comme au meilleur, ils évoluent entre beauté et danger. Une belle matière pour le cinéma ! Venir au festival, c’est aussi voyager bien sûr, et découvrir des paysages fabuleux, du Cambodge au Chili, du Canada à l’Islande. On y rencontre des populations qui mènent une vie différente de la nôtre, des sociétés qui partagent certains fondamentaux universels, tout en regardant le monde différemment. Cette année par exemple nous avons noté un grand nombre de films consacrés aux peuples premiers, qui conservent pour certains un lien fort à la nature, que nous avons parfois perdu dans nos sociétés occidentales.
Un festival militant
En posant des questions sur l’avenir de la pêche et de l’océan, le festival questionne les changements des dernières décennies, le développement de la mécanisation, la course à la productivité, l’essor de la pêche et de l’aquaculture industrielles. Toutes ces modifications ont des impacts très lourd sur les populations et sur l’environnement. Le festival montre aussi les résistances de la part des communautés de pêcheurs : en Bretagne, comme en Tasmanie. Contre cette logique-là, ces communautés veulent pêcher pour vivre et nourrir la population, sans que cela prenne une dimension de destruction. En adéquation avec la nature.
